mercredi 17 février 2016

Les 3 derniers jours...






Pastoris l’Ancien était fier de sa dernière création. Il s’était détourné de la lumière il y a des décennies pour s’adonner à l’élevage de Drones de la Peste et autres créatures issues du jardin de Nurgle. Son aversion pour la race humaine était immense, c’est pour cette raison qu’il évitait les membres de son Chapitre renégat depuis longtemps, trouvant le réconfort auprès des bêtes de Dieux Sombres. Mais les temps avaient changé, et bien que ça lui déplaise, les circonstances exigeaient sa présence.


Incontestablement, il s’agissait de son spécimen le plus impressionnant. Une dizaine de mètres de chairs cancéreuses tuméfiées et de carapace obsidienne dure comme du cristal. Quelques essaims de mouches volaient autour de Pastoris, fidèles compagnons faisant partie de son troupeau. La bête autour de laquelle l’assemblée était réunie était grasse et purulente, la réalité même peinant à contenir tant de pourriture au sein d’un seul et unique corps, aussi immatériel soit-il. Des ailes atrophiées qui ne seraient jamais capables de la porter oscillaient mollement derrière elle. Mais c’était avant tout cette carapace qui les intéressait. Une multitude de couches fibreuses de verre démoniaque où la lumière semblait s’égarer.


Pastoris sourit, puis donna son ordre d’un hochement de tête à l’équipe de sculpteurs qui avança comme un seul homme vers la créature, marteau-piqueurs et scies énergétiques à la main. Et ils commencèrent à taillader son dos sous ses cris indéfinissables, des échardes comme des aiguilles d’oursins volant en tous sens.







mardi 16 février 2016

Les 4 derniers jours...






Servus Bone transpirait abondamment. Son esprit était complètement embrouillé, et il avait l’impression que sa carapace noire avait fusionné avec sa peau, qui elle-même avait fusionné avec son armure. C’était peut-être le cas après tout, la réalité semblait lui échapper dans cette jungle de l’impensable. 

Il se baissa pour passer sous une succession de fines cascades de fluides visqueux coulant à l’horizontal, ses jambes s’enfonçant jusqu’aux genoux dans un sol indescriptible qui ressemblait plus à une peau de pachyderme qu’à n’importe quel sol connu. Les membres de son escorte de Toxic WarpClaws tombaient comme des mouches, littéralement asphyxiés par la toxicité de l’air (mais était-ce de l’air ?) malgré leurs respirateurs, avalés par des gueules de Maggoth se formant au sol avant de s’évanouir dans une éruption de bulles de boue volcanique, ou se consumant lentement dans des flaques d’acide. Servus sentait que ce serait bientôt son tour, sa volonté vacilla légèrement avant que l’intense douleur revienne le frapper de plein fouet, suivie par les murmures de son maître : 

« N’échoue pas, Servus ! Tu n’as pas le droit à l’erreur !... La Pierre, Servus, la Pierre de Vie est quelque part dans l’Œil.  Tu dois la trouver, tu dois la trouver sur un des mondes et me la ramener. Ne reviens pas sans elle, Servus, ne reviens pas sans elle… »

La voix se dilua dans la cacophonie du monde-démon qui entourait Servus Bone, telle une goutte d’encre dans un océan de folie liquéfiée. Et Servus reprit sa quête impossible…






lundi 15 février 2016

Les 5 derniers jours...






6-344 était un ouvrier de la forge. Sa misérable vie avait toujours été ainsi, aussi loin qu’il se souvienne. Depuis quelques années, son dos le faisait souffrir, et il avait perdu sa main droite sous une presse à emboutir. Il devait cependant faire avec et continuer de travailler, il ne connaissait que trop bien le sort réservé aux ouvriers classés hors-service.


6-344 poussait un lourd chariot métallique rempli de recharges de découpeur à fusion. Après plusieurs centaines de mètres sous la pluie battante, il passait enfin les portes de la Forge d’où provenaient des cris. Là, dans une zone délimitée par des barrières de sécurité rétractables par vérins hydrauliques, une bande de Marines renégats des Deathbringers semblait passer du bon temps. Au centre de ce ring improvisé se tenait un Maulerfiend enchaîné. Les Marines avaient réglé leurs fuseurs sur la puissance minimale. Ils lui tiraient dessus. « Mais pourquoi faisaient-ils une chose pareille?! » se demanda 6-344. En temps normal, les Deathbringers construisaient ces chose-machines, ils ne les réduisaient pas en pièces. 


Les hurlements étaient insoutenables. L’ouvrier s’arrêta, à moitié caché par le chariot, il observa la scène un moment. Il se rendit alors compte d’une chose : malgré leur apparente décontraction, les Deathbringers opéraient des tirs précis et méthodiques sur les extrémités de la chose-machine. Ils la torturaient. Son attention fût attirée par d’autres cris plus éloignés à l’intérieur de la nef principale de la Forge. Sa vision avait du mal à s’adapter à l’obscurité, le flash incessant des tirs d’armes à fusion troublaient sa perception. En se protégeant les yeux de sa main valide, il se rendit compte que la même scène se répétait encore et encore, aussi loin que l’obscurité de la Forge s’étendait. Sans trouver aucun sens à tout ceci, il livra le contenu de son chariot aux Deathbringers et s’en alla sous la pluie en vue d’un nouveau chargement.







dimanche 14 février 2016

Les 6 derniers jours...






Khorus avançait la tête haute entre les enclos. Le ronronnement des respirateurs de son escorte de cultistes était  le seul son perceptible, en dehors du piaillement constant des zombies de Gorham-Stout parqués comme du bétail tout autour d’eux. 

L’inspection se déroulait sans encombre, les troupeaux de zombies s’étendant à perte de vue dans les désolations de Schindelgeist. L’Apôtre Noir devait bien l’admettre : les pirates Eldars de la Théo’agonie s’étaient montré généreux. Les civils impériaux n’auraient pas suffit à remplir les quotas, c’est pourquoi un marché avait été conclu. En échange d’esclaves à infecter, les Plaguebones partageraient un certain nombre de compétences dans la création de machines-démon. Khorus ne se demandait même pas à quoi cela pourrait bien leur servir, son esprit était évidemment focalisé sur des desseins de plus grande envergure.


Le regard de l’Apôtre Noir se porta sur deux zombies semblant s’accoupler dans un recoin de l’enclos suivant. Triste spectacle, cela le fit sourire malgré tout. Il valait mieux ça plutôt qu’ils ne s’entretuent au risque de faire baisser la productivité.

« Seigneur, nous venons de passer l’enclos 74. Le scanner indique que les zombies sont au nombre de 133 dans ce dernier » rapporta le cultiste à la gauche de Khorus. Celui-ci hocha la tête, satisfait. Ils seraient bientôt prêts.















samedi 13 février 2016

Les 7 derniers jours...

de Kortharis.



Tremblez, citoyens de Terra! La Fin des Temps est proche, et de sombres évènements se préparent annonçant les derniers jours de l'Imperium.
Cet article ainsi que les 6 suivants relateront les 7 derniers jours de la vie de Kortharis, le seigneur des Plaguebones.
Pour apprécier au mieux les 7 prochains jours, il convient d'être au fait de l'histoire des Plaguebones jusqu'à cette fin de millénaire, ainsi que des personnages clé de ce chapitre renégat. Un coup d'oeil au Livre de Contagion devrait vous aider.

Le principe est simple: un article par jour pendant 7 jours, tous contenant une portion de background en rapport avec un ou plusieurs évènements conduisant inexorablement à la mort de cet illustre personnage, et un teaser. Préparez-vous à plonger dans l'abîme.





Schindelgeist, 997M41



Kortharis avait disparu. Cela faisait des années que le commandement était assuré par le Maître de Forge Subsidius. L’apôtre noir Khorus avait annoncé cette souveraineté temporaire à l’ensemble des Meutes Virales, sans aucune acclamation autre que celles provenant des rangs des Deathbringers.

Aarkhus n’aimait pas ça. Cela ressemblait trop à une manigance pour s’arroger le pouvoir au sein du Chapitre renégat. Le Champion de la Peste reconnaissait que les Deathbringers étaient des alliés utiles, mais ils ne pouvaient commander aux Plaguebones. 

Lui et son escouade n’avaient pas vu un champ de bataille depuis des mois. L’envie de répandre la mort au nom du seigneur des épidémies les démangeait tous. Cette affectation comme chargé de la discipline des esclaves sur le Grand Chantier le révulsait. Tous les Marines de la Peste s’étaient vu attribuer le même rôle. Quelque chose se préparait. Aarkhus le savait mais n’imaginait pas l’ampleur de l’entreprise à laquelle eux tous avait été intégré. Il se baissa et écrasa sous son gantelet énergétique un esclave qui avait trébuché en poussant une lourde brouette de gravas. Cet excès de violence était pour lui aussi naturel que n’importe lequel de ses mouvements. Quelques esclaves hurlèrent d’effroi aux alentours, avant de se taire rapidement par peur des représailles.


Peu importe, se dit Aarkhus, les souterrains seraient bientôt terminés.
 










PS: comme un "fait exprès", il a fallu que Wayne England décède cette semaine, entre deux articles montrant des illustrations qu'il avait réalisé (l'illustration ci-dessus est une "conversion" du portrait de Kortharis qu'il m'avait fait il y a quelques années, couverture du Livre de Contagion.)
C'est en découvrant le travail de Wayne dans le livre de règles de la 3° édition de 40k que je suis littéralement tombé dans le hobby. D'une certaine manière, sans lui ce blog n'existerait pas.
C'était aussi quelqu'un d'une grande gentillesse, conscient de ses compétences et de son savoir faire en tant qu'artiste, mais qui savait rester très humble.
Mes pensées vont à sa famille et ses amis.